Le 10 Septembre, les Trans, avec notre classe, nous bloquerons tout
Deux mots grondent et une date résonne plus que toute autre : « Bloquons tout le 10 septembre ». Cet appel spontané est né de là où la colère fume et déborde : des masses populaires, de ceux et celles qui sont visées par les politiques antisociales de notre bourgeoisie dirigeante. Face à un projet global de réactionnarisation et de militarisation, il sait que pour faire pression, il faut déborder : être en masse dans les rues, faire bloc, bloquer les flux. Les trans sont des premiers visés : en tant que travailleurs et exclus du travail comme en tant que trans. L’OST appelle à ce que les trans rejoignent le 10 septembre.
Le budget Bayrou a sonné pour beaucoup comme la goutte de trop. Il s’agit d’une nouvelle étape pour sauver la place de la France et de son impérialisme, en mettant la priorité sur les dépenses militaires et en apprenant à sa population à plier le dos. Ainsi, le gouvernement veut nous rendre encore plus dépendants des patrons : gel des minimas, des pensions, du barème, dernières vagues de licenciement des services publics avant la privatisation. Et nous devrons dire comme lui « en avant pour la production » ? Il veut qu’on travaille plus, en nous enlevant le seul moyen qu’il nous restait, une fois au travail, de souffler lorsque notre corps ne suit plus : que la Sécu ne rembourse l’arrêt maladie qu’à partir du septième jour. La Santé, c’est là où le budget va particulièrement toucher les personnes trans. Nous qui sommes 37 % à ne pas avoir d’emploi, nous qui collectionnons les contrats courts qui cassent le corps, nous à qui on refuse les logements, nous qui n’avons souvent que le travail du sexe, on nous prend ce dont la transition nous rend dépendants : la Santé et les aides sociales. Bayrou rit aux éclats en détruisant à petit feu tout ce qui permet aux trans de survivre. Il promet de succéder réformes de l’ALD, de l’AME, de l’AAH, fusion-réforme du RSA et des APL ; pendant que chaque année les refus d’AAH augmentent et obligent des gens inaptes à aller tuer leur santé au travail. Nous, trans, nous ne voulons pas travailler plus pour mourir plus.
La « question trans » est utilisée par la bourgeoisie pour construire un bouc émissaire. Toutefois, ce discours ne prend pas pour le moment : la parole des dirigeants n’est plus audible par ceux qui subissent la violence de leur politique. Les questions trans ne sont pas différentes des questions de justice sociale portées par ceux qui appellent à tout bloquer : ce sont des questions de travail, d’accès à la santé, de coût de la vie. Toutes les questions d’accès à la transition tournent autour du travail et c’est le système du travail, qui a besoin des rôles genrés, qui cause les politiques antitrans. Dans la rue le 10 septembre, il n’y aura pas de différences entre trans et non trans. Mêmes douleurs, mêmes intérêts, mêmes alliés et mêmes ennemis. Pour les trans, la justice sociale ce n’est pas qu’espérer avoir un salaire décent, avoir de quoi nourrir sa famille : c’est espérer ça et espérer que les miettes qui resteront permettront de payer une transition médicale un minimum correcte. C’est que la France de 2025 propose aux travailleurs qui veulent transitionner trois options : 1. transitionner, au risque de connaître misère, refus d’emploi et de logement 2. ne pas transitionner, afin de conserver son emploi 3. le suicide, vite fait bien fait. L’OST répond : tout plutôt que la détransition.
Puisque les questions trans, et au-delà les questions LGBTI, sont des questions de travailleurs, la place des militants LGBTI est auprès des masses le 10 septembre, auprès des travailleurs et des quartiers. Elle est d’autant plus importante que la caste bourgeoise et raciste va tenter de marginaliser les manifestants et les quartiers pour deux trois mots prétendument homophobes, comme elle a voulu salir l’honneur des Gilets Jaunes et des révoltés après le meutre de Nahel. Les LGBTI qui sont travailleurs le savent et étaient déjà là en 2018 et en juin 2023 et seront là le 10 septembre ; à l’opposé des associations LGBTI qui s’étaient rendues coupables de leur silence. Ces mobilisations, moins respectables que celle des retraites qui rentrait dans le cadre législatif, ont montré la déconnexion avec la réalité des plus populaires à laquelle conduit la cogestion avec l’État bourgeois. Au-delà des questions de pression sur les subventions, la cogestion ne permet plus de voir au-delà d’un fonctionnement para-étatique où on répond seulement au travail que l’État ne fait pas. La période le rappelle : il faut avoir une visée politique qui dépasse l’action immédiate et permette de penser comment cette action immédiate doit être menée pour assurer une base de changement par la suite. Sortir le 10 septembre et tenir des actions d’autosupport ne sont pas déconnectés tant que les deux sont guidés par l’objectif de donner le pouvoir aux travailleurs – ici, sur une Santé socialisée. La force des LGBTI se trouve auprès de sa classe.
L’OST appelle depuis 2022 chaque année les trans à joindre à la rentrée sociale une rentrée trans qui porte les revendications trans imbriquées dans les revendications des travailleurs. Une rentrée qui permette, d’une, de faire émerger la conscience de classe chez les trans, et de deux, de faire comprendre aux autres militants que s’ils veulent être contre la réactionnarisation de l’État bourgeois, ils doivent participer aux luttes trans. L’interdiction de la transition pour les mineurs que propose le Sénat, c’est aussi un maillon dans ce front global aujourd’hui incarné par le budget Bayrou. Participer aux luttes trans, c’est partager cette analyse, reprendre les revendications d’une transition libre, gratuite, sans psy ni juges (changement d’état civil en mairie, congés de transition, interdiction des mutilations et traitements non consentis sur les intersexes) et diffuser l’appel de la manifestation unitaire de l’ExisTransInter le 18 octobre à Paris. Alors, cette année, l’OST mènera cette tâche dès le 10 septembre. Et le 10 septembre, dans une quinzaine de villes, le tocsin des sections de l’OST sonnera. Il sonnera en manifestation, sur les piquets de grève, mais aussi là où nous devons frapper fort : sur les blocages routiers. « Tout bloquer » ne doit pas qu’être un slogan, mais être un mode d’action. Taper là où l’action collective fait le plus de mal.
Le 10 septembre, nous viendrons au milieu de tous avec les mêmes mots d’ordre de justice sociale, en les précisant avec nos revendications, mais en allant au-delà de la question du déjà-destitué Bayrou ou même de 2027.
Il sera de notre rôle de rappeler, marteler sans cesse que nos ennemis ne sont pas que Bayrou et Macron, mais toute la clique des patrons, des rentiers et des politiciens qui rentrent dans leur jeu électoral, et qu’il faut abattre le système actuel. Que les questions du 10 septembre, c’est une lutte entre deux classes. Et que nos alliés sont parmi les organisations de notre classe, par exemple syndicales.
Il sera de notre rôle de rappeler que les questions du 10 septembre sont liées à la question de la Palestine, et qu’il faut porter le soutien à sa résistance. Les grandes entreprises qui nous assèchent ont leurs intérêts dans le génocide qu’elles financent. La France nous abat car elle a besoin de plus de finances et plus de travailleurs pour se développer sur la scène impérialiste, car elle veut être présente sur le conflit en Palestine ; aujourd’hui, la Palestine est un pôle central des luttes anti-impérialistes qui tentent d’abattre à sa racine ce système dont le plan Bayrou n’est qu’une secousse.
Il sera de notre rôle, en tant que trans, en tant que population qu’on veut exclure de la société et qui est visée par une partie même de notre camp, de rappeler la nécessaire union avec les quartiers populaires et l’antiracisme, que le budget Bayrou va attaquer plus fortement encore les non Blancs qui sont exclus de la santé et du travail. Ne pas se revendiquer que des Gilets Jaunes, mais aussi de Nahel.
Nous, trans, sommes de ceux à qui on refuse le travail, puis à qui demande de travailler et enfin à qui on soustrait les aides. Nous étions dans la rue avec les Gilets jaunes. Nous serons du 10 septembre.
L’OST appelle les trans à rejoindre la colère sociale et à diffuser cet appel au maximum possible.