À l’ExisTransInter, la convergence des luttes est une nécessité politique face au fascisme.

Il y a quelques jours, un ensemble d’organisations trans et intersexes ont appelé à une fronde au sein de l’ExisTransInter, pour contrer une vision politique fondée sur la convergence des luttes et l’anticapitalisme, qui aurait été imposée par des manœuvres.

Les personnes trans/inter sont de celles les plus menacées par la réactionnarisation de société. Macron prépare la voie au RN, et si nous ne faisons rien, nous finirons bientôt comme le Royaume-Uni ou les États-Unis. Dans ce contexte, qualifier un discours qui fait le lien entre luttes trans et mouvement social, contre le plan Bayrou et pour la résistance en Palestine de “hors sol”, c’est passer à côté de la montée du fascisme et de l’impérialisme. La position de l’OST a toujours été pour l’unité avec les mouvements LGBTI, antiracistes, propalestiniens, syndicaux : seule la solidarité avec toutes les organisations du mouvement social peut nous protéger. Nous devons construire des liens d’entraide, sur le long terme, sur la base de revendications claires qui n’oublient personne, pour combattre la transphobie et l’intersexophobie mais aussi tout ce qui nous touche : précarité, putophobie, homophobie, racisme, misogynie… Pour cela, les syndicats, organisations politiques et organisations de luttes spécifiques sont bien plus armées que nous.

La position de défiance vis-à-vis de toute organisation en dehors de nos cercles est donc délétère. La convergence est une question de survie. Nous devons dégonfler notre ego, descendre de notre posture d’autorité morale : non, les luttes trans et inter ne sont pas un tremplin pour le succès politique ou syndical. La population trans/inter n’est pas nombreuse, nos forces sont faibles. Si certaines associations compensent cela par des aides de l’État et des collectivités, il s’agit d’un pari dangereux : l’indépendance vis-à-vis des autorités est cruciale.

La réalité est que toutes les organisations LGBTI, féministes, syndicales et politiques qui ont travaillé au sein de l’ExisTransInter, et qui ont donc accepté sa plateforme de revendications – incluant la dépénalisation du travail du sexe –, ont fourni un soutien logistique et financier précieux, et ni syndicats ni partis n’ont le droit de vote. C’est justement de par leur aide indispensable en 2021 et 2022 qu’il a été décidé de les inviter. Les syndicats présents sont indépendants ou sont ceux qui se battent contre les positions abolitionnistes de leur fédération. Leur présence permettait justement d’assurer l’auto-organisation et l’autonomie trans/inter, en permettant à ce que les organisations trans/inter ne perdent pas trop de force dans les tâches techniques et n’aient pas de répercussion sur leurs activités d’autosupport. Leur place dans le collectif a été revotée chaque année : décembre 20221, novembre 2023, mai 2025. Nous nous opposons à l’idée qu’il existe une stratégie immuable pour l’ensemble des luttes trans : elle doit être discutée, réévaluée, revotée, surtout lorsque le contexte évolue.

Personne n’a jamais été écarté de l’organisation de la marche. Les “manœuvres” dont il est fait mention sont aisément réfutées par les compte-rendus de réunion. Les décisions étaient prises par les 4 à 6 assos trans/inter qui s’impliquaient assez pour venir en réunion. Parmi les associations signataires, seule une y mettait de l’énergie. Les autres étaient soit absentes depuis un an et demi, soit n’y avaient pas mis les pieds depuis 2022, soit n’avaient jamais demandé à la rejoindre. En 2023, 2024 et 2025, le cadre a redoublé d’efforts pour les remobiliser. Les décisions sur la place des organisations non trans/inter ont été décalées en espérant obtenir leur présence. En vain. Leurs raisons, exprimées par elles-même fin 2024, étaient diverses : volonté que ça tourne, pas assez de forces à y mettre, volonté de transformer la manifestation en un village associatif…

Depuis le début, il leur suffisait de venir en réunion pour voter pour leur vision. C’est ce qu’elles ont fait ce mardi, sans soucis. Cela méritait-il de créer une polémique, en faisant au passage annuler le meeting de soutien, toute la communication prévue autour de la marche, et en risquant l’annulation de son cortège calme ? En qualifiant nos camarades d’incompétentes pour une broutille ? En diffusant de fausses informations, prétendant que le STRASS aurait été ignoré alors qu’il a été invité puis coopté ? En présentant un désaccord politique comme une atteinte grave à “l’identité” de la marche ? En causant un danger pour la santé mentale des militantes impliquées ? Le tout au moment où les organisations trans et inter de terrain ne peuvent pas se permettre d’être fragilisées, où cette division sert aux réacs, comme “Fiertés Citoyennes” qui a annoncé son soutien à leur texte ?

Nous continuerons de défendre notre vision des luttes trans et intersexes comme partie intégrante du mouvement social, comme nous l’avons toujours fait, démocratiquement. Nous ne pensons pas que ce dont le mouvement trans a besoin est d’un “retour aux sources”. Au contraire, cette stratégie est anachronique au moment où nos moyens de transition sont l’une des cibles premières du fascisme. Plutôt que de se détacher des luttes anticapitalistes et de soutien à la Palestine, nous avons besoin d’unité, de soutien et de convergence réelle et matérielle.

C’est en ce sens que, malgré tout, nous nous réjouissons de ce regain d’intérêt pour la marche et son organisation et que l’OST va chercher à continuer de travailler avec toutes ces organisations. Le 18 octobre, à Paris, face à ceux qui veulent notre mort, résistance des trans et intersexes du monde entier !

À l’ExisTransInter, la convergence des luttes est une nécessité politique face au fascisme.

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