Recommandations de la HAS
La lâcheté comme ligne de conduite
Fransgenre & Organisation de Solidarité Trans
Ce matin sont sorties les recommandations de la Haute Autorité de Santé sur les parcours de transition. Elles promettaient de mettre fin à des décennies de refus d’accès au soin et de violences du corps médical, et en ce sens reconnaissent plusieurs avancées. Cependant, elles ont finalement été censurées in extremis, par pres sion politique sur les instances décisionnaires, pour les restreindre aux seuls adultes. Le corps médical et administratif doit maintenant s’en saisir : nous serons intraitables sur leur application effective.
Nous dénonçons cette décision lâche, alors que la majorité des études scientifiques publiées depuis dix ans concernent les jeunes. Le consensus scientifique est établi, n’en déplaise aux réactionnaires qui propagent leur désinformation, sur le même modèle que leur opposition à l’avortement. Pendant que la HAS tergiverse, la plupart des mineurs se voient refuser leur accès au soin et subissent la détresse associée, qui peut aller jusqu’au suicide comme on le vit tristement tous les ans. Nous continuerons à agir sur le terrain pour les accompagner et prévenir ces drames. Des recommandations pour les mineurs doivent être produites au plus vite, c’est une urgence de santé publique.
Par ailleurs, après 40 ans de lutte contre les protocoles basés sur la suspicion, sur les stéréotypes, sur l’arbitraire et la psychiatrisation, la HAS est forcée de reconnaître l’expérience des associations. Le modèle du consentement éclairé, qui a fait ses preuves au sein de la médecine libérale depuis une décennie, est reconnu comme le seul efficace. Ces pratiques maltraitantes, qui ont encore lieu aujourd’hui, doivent cesser. De même, les recommandations ne résolvent pas le grave problème du sous-dosage hormonal causé par nombre de prescriptions mal avisées.
Dans ces recommandations subsistent des traces des pratiques médicales et psychiatriques maltraitantes historiques. La HAS recommande ainsi un “délai de réflexion raisonnable” pour les traitements hormonaux et les opérations. Ce flou intolérable laisse toute latitude aux cliniciens pour infliger encore des mois d’attente aux personnes trans alors qu’elles ne toquent à la porte du cabinet qu’après un long parcours d’obstacles, ralenti par la transphobie de leur entourage social, professionnel et familial, et par la casse libérale du système de santé.
Quoiqu’il se décide dans les sphères bourgeoises, nous, organisations trans de terrain, serons en première ligne pour permettre aux personnes trans d’accéder à l’aide dont elles ont besoin et imposer les pratiques de soins éprouvées.